La salamandre tachetée, Salamandra salamandra
Amphibiens, Urodèles, Salamandridae, Salamandra salamandra
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La salamandre tachetée est un amphibien noir et jaune présent en France. Cet urodèle de l’espèce Salamandra salamandra est aussi appelé salamandre de feu ou salamandre terrestre.
Où vit la salamandre tachetée ?
La salamandre tachetée, Salamandra salamandra, est aussi appelée salamandre commune, salamandre terrestre et salamandre de feu. Cette espèce est largement répartie en Europe, on la trouve du Portugal à la Grèce, et de l’Allemagne jusqu’à la botte de l’Italie. Elle est présente dans toute la France, toute la Belgique et toute la Suisse.
Son habitat se compose principalement des forêts où elle vit cachée sous les pierres et troncs d’arbres la journée. Elle sort la nuit pour chasser ou trouver un partenaire pour la reproduction. Les larves sont aquatiques et on les trouve dans les petits ruisseaux, les fossés, les mares, étangs, bassins et dans les retenues d’eau stagnante ou à faible débit comme les ornières, les abreuvoirs ou les bacs de récupération d’eau de pluie.
Comment reconnait-on la salamandre tachetée ?
La salamandre tachetée possède un corps noir couvert de taches jaunes plus ou moins larges, ou dans de rares cas de taches jaunes orangées. Elle est parfois prise pour un lézard noir et jaune, mais il s’agit en fait d’un amphibien dont une partie du cycle de vie est aquatique, comme les tritons.
Les deux autres espèces de salamandres que l’on peut rencontrer en France métropolitaine, la salamandre noire des Alpes Salamandra atra et la salamandre de Lanza Salamandra lanzai [1]., sont entièrement noires. Elles sont de plus beaucoup moins communes que la salamandre tachetée et ont une aire de répartition limitée à quelques massifs des Alpes. Le Spéléomante de Strinati, Speleomantes strinatii ne se rencontre que dans les grottes, murs et zones rocheuses ou caverneuses du Sud des Alpes, et son corps est brun, roux ou verdâtre avec des taches sombres. Enfin, la salamandre tachetée n’est pas présente en Corse, mais on y trouve une espèce endémique très semblable (bien qu’elle serait en réalité plus proche de la salamandre noire des Alpes [2]), la Salamandre Corse (Salamandra corsica).
Photos de la Salamandre de Corse, Salamandra corsica :
Les larves s’identifient à la présence de taches jaunâtres sur les pattes, ces taches ne sont pas présentes chez les larves de tritons. Elles ont aussi généralement un corps plus sombre, des pattes plus épaisses et des branchies externes moins développées.
Quel est le cycle de vie de la salamandre tachetée ?
Les salamandres s’accouplent hors de l’eau, durant le printemps et l’été. Le développement des jeunes larves nécessite environs huit mois. La femelle se rend dans un cours d’eau calme ou une mare au terme de ce développement et donne naissance à entre trente et soixante individus. Comme le développement des oeufs à lieu dans le ventre de la femelle et que celle-ci met bas à des larves, on peut dire que la salamandre est une espèce ovovivipare. Certaines populations de salamandre tachetées présentes en péninsule Ibérique (Espagne et Portugal) sont quant à elles vivipares : elles mettent bas à des individus déjà entièrement formés et d’apparence très similaire aux adultes [3].
Dans le cas d’un développement ovovivipare, les larves sont aquatiques. Elles sont prédatrices et se nourrissent de petits invertébrés aquatiques, comme les aselles ou les larves de nombreux insectes. La vitesse de leur développement dépend de la température de l’eau et de la nourriture disponible.
La salamandre tachetée est-elle dangereuse ?
La salamandre tachetée souffre depuis plusieurs années de sa réputation d’être toxique. Si elle produit effectivement des substances venimeuses, il n’y a cependant aucun risque si vous ne les touchez pas. Vous pouvez donc sans problème les laissez se balader dans votre jardin, en veillant juste à ce que votre chien ou de jeunes enfants n’essayent pas de les capturer, ce qui a peu de chance d’arriver puisque les salamandres sortent surtout la nuit quand il pleut... Il n’y aurait aucun risque pour les chats que l’odeur des salamandres repousserait [4].
Les substances toxiques sont principalement produites par les glandes parotides, mais sont aussi par des glandes à poison présentes sous la peau [5]. Elles correspondent au renflement visible à l’arrière de la tête, sur les côtés du corps.
La plupart des personnes ne réagissent pas au contact des salamandres, tant qu’ils ne se touchent pas les muqueuses. En cas de contact avec les muqueuses ou de réaction sur la peau, on peut observer une irritation et il est important de rincer abondamment les zones exposés au poison de la salamandre. Aucun cas d’intoxication mortelle n’a à ce jour été rapportée [6]
Les larves sont dépourvues de ces substances toxiques [7].
Quelles sont les menaces qui pèsent sur la Salamandre tachetée ?
Les prédateurs naturels de la salamandre sont les insectes aquatiques comme les dytiques, les punaises aquatiques, et les larves de libellules susceptibles de s’en prendre aux jeunes larves, ainsi que les poissons, oiseaux et certains rongeurs.
La salamandre tachetée est une espèce protégée, dont la capture, la détention ou la destruction sont interdites et très sévèrement punies par la loi.
De la même manière, il est interdit de vendre cette espèce, de la présenter en boutique ou de la maintenir en captivité. Les contrevenants s’exposent à 6 mois de prison et 9000 euros d’amende, et jusqu’à 18000 euros d’amende si l’espèce est prélevée ou détruite dans une réserve naturelle.
Les menaces qui pèsent sur la salamandre tachetée sont la destruction de son habitat, la pollution de l’eau, l’introduction d’espèces invasives comme l’écrevisse de Louisianne ou de maladies et champignons comme la Chytridiomycose (Batrachochytium salamandrivorans), la destruction volontaire par des humains mal informés et des pêcheurs qui laissent des nasses en place trop longtemps et la destruction des oeufs et larves par les poissons introduits dans les étangs.
Lors de leurs déplacements, les salamandres empruntent souvent les routes et la mortalité routière peut alors être importante. Mieux vaut donc éviter les sentiers forestiers par temps pluvieux.
Photo d’une grande salamandre tachetée noir et jaune observée dans une forêt à proximité de Toulouse :
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Notes et références
[1] Bour, R. et al. (2008). Liste taxinomique actualisée des Amphibiens et Reptiles de France. Bulletin de la Société herpétologique de France, 126, 37-43.
[2] Vences, M., Sanchez, E., Hauswaldt, J. S., Eikelmann, D., RodrÃguez, A., Carranza, S., ... & Werner, P. (2014). Nuclear and mitochondrial multilocus phylogeny and survey of alkaloid content in true salamanders of the genus Salamandra (Salamandridae). Molecular phylogenetics and evolution, 73, 208-216.
[3] Buckley, D., Alcobendas, M., Garcia-Paris, M., & Wake, M. H. (2007). Heterochrony, cannibalism, and the evolution of viviparity in Salamandra salamandra. Evolution & development, 9(1), 105-115.
[4] Habermehl, G. G. (1995). Antimicrobial activity of amphibian venoms. Studies in Natural Products Chemistry, 15, 327-327.
[5] Miodoski, A., & Jasiski, A. (1979). Scanning electron microscopy of microcorrosion casts of the vascular bed in the skin of the spotted salamander, Salamandra salamandra L. Cell and tissue research, 196(1), 153-162.
[6] Habermehl, G. G. (1995). Antimicrobial activity of amphibian venoms. Studies in Natural Products Chemistry, 15, 327-327.
[7] Mebs, D., & Pogoda, W. (2005). Variability of alkaloids in the skin secretion of the European fire salamander (Salamandra salamadra terrestris). Toxicon, 45(5), 603-606.