L’Australie pourrait être le dernier pays envahis par Varroa destructor, parasite de l’abeille

Varroa destructor et l’étude des invasions biologiques.

Varroa destructor est un acarien parasite de l’abeille sociale, Apis mellifera. Les varroas s’attachent aux abeilles et dévorent leur tissu adipeux, causant parfois des malformations mais transmettant surtout de nombreux virus.

Varroa destructor est originaire d’Asie de l’Est. Il s’est propagé de par le monde dès la fin des années 70 et est maintenant présent dans presque toutes les grandes zones géographiques ou se trouve Apis mellifera [1].

Presque partout, à l’exception de l’Australie. Cet immense pays-continent a jusqu’à maintenant su se protéger des varroas [2]. Les imports d’abeilles sont interdits en Australie pour éviter d’importer de nouveaux parasites ou de nouvelles maladies de l’abeille dans cet eldorado de l’apiculture.

Plusieurs fois, des essaims d’abeilles asiatiques Apis cerana ou d’abeilles sociales Européenne Apis mellifera ont atteints les côtes Australiennes. Il faut dire que tous les voisins de l’Australie ont le Varroa destructor, cela inclue les pays proches comme la Nouvelle-Zélande et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et les voisins moins proches mais dont l’Australie importe de grandes quantités de biens et matières premières, comme l’Indonésie, Taiwan, Honk-Kong, et la Chine [3].

Les essaims d’abeilles infestés de varroas qui arrivent en Australie sont probablement transportés accidentellement par les bateaux. Pour lutter contre ce problème, l’Australie a placé des ruches surveillées en permanence près des aéroports dans l’espoir de détecter rapidement des varroas qui commenceraient à se disperser près des ports.

C’est ce qui est arrivé en Juillet 2022 lorsque le gouvernement Australien a mis en place un plan d’urgence après que des Varroa destructor aient étaient détectées dans des ruches de la ville côtière de Newcastle, dans l’Est de l’Australie. Malheureusement il est probable que cette détection soit arrivée tardivement, et plus d’une centaine de ruchers ont été contaminés.

Photo macro dans une ruche d'une abeille portant un acarien parasite, le Varroa destructor.
Une abeille avec un Varroa destructor

Pour lutter contre l’invasion, le gouvernement éradique les colonies d’abeilles dans un rayon de 10km de chaque détection de varroa, et l’invasion semble désormais sous contrôle ou au moins extrêmement lente.

Cette mesure drastique semble généralement suivie par les apiculteurs Australiens qui comprennent l’enjeu. Lorsque Varroa destructor a envahit tous les autres pays, les colonies sauvages d’abeilles sociales ont presque toutes été anéanties [4]. Bien sur, les apiculteurs sont maintenant capables de limiter ces pertes en traitant leurs ruches contre le varroa, mais cela est très couteux. Les traitements sont chers, laborieux et même avec les traitements les ruches infestées par le varroa produisent moins d’abeilles, de miel et d’essaims.

Si le varroa échappe à ce contrôle, les apiculteurs devront faire des choix difficiles. Ils devront choisir des traitements acaricides adaptés au climat Australien, car certains produits utilisés en Europe ne peuvent pas être utilisés par forte chaleur. Ils devront essayer de mettre en place, très rapidement, un système coordonné pour enseigner les bonnes pratiques apicoles contre le varroa, et éviter que les varroas ne deviennent résistants aux produits utilisés. Heureusement, ils pourront bénéficier de plusieurs années de recherches faites en Europe, aux États-Unis et au Canada et utiliser des méthodes sans pesticides pour aider à contrôler le varroa. en Enfin, ils devront choisir d’ouvrir ou non les frontières du pays à l’import de colonies. Importer des colonies d’abeilles, dont certaines en Europe et aux États-Unis sont maintenant partiellement résistantes au varroa, pourrait aider à limiter les pertes en Australie. Mais d’un autre côté, importer des abeilles d’Europe, d’Asie ou des États-Unis pourrait entraîner l’import d’autres parasites ou maladies de l’abeille qui ne sont pas encore présents en Australie.

Les scientifiques, eux aussi, devront être prêts à aider les apiculteurs dans leur choix, mais aussi à étudier cette invasion. Si le varroa envahit l’Australie, ce sera la dernière opportunité pour étudier les changements liés à une invasion de varroas dans un pays où il était absent. Comprendre les changements causés par le varroa pour les abeilles et l’environnement est important pour limiter son impact, et aussi pour comprendre plus globalement l’effet des espèces parasites invasives sur l’écosystème et l’agriculture [5].


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Notes et références

[1Traynor, K. S., Mondet, F., de Miranda, J. R., Techer, M., Kowallik, V., Oddie, M. A., ... & McAfee, A. (2020). Varroa destructor : A complex parasite, crippling honey bees worldwide. Trends in parasitology, 36(7), 592-606.

[2Il existe deux espèces capables d’infester les colonies d’Apis mellifera, Varroa destructor et Varroa jacobsoni.

[4Martin, S. J., Highfield, A. C., Brettell, L., Villalobos, E. M., Budge, G. E., Powell, M., ... & Schroeder, D. C. (2012). Global honey bee viral landscape altered by a parasitic mite. Science, 336(6086), 1304-1306.



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