Ces larves de punaises mangent leurs frères et soeurs

Musgraveia sulciventris, la punaise bronze-orangée

La punaise bronze-orangée (Musgraveia sulciventris) est une très grande punaise endémique d’Australie. Dans ce pays elle se nourrit de la sève de citronniers eux aussi endémiques d’Australie comme les citronniers à caviar et des citronniers du désert. Depuis, d’autres agrumes ont été importés en Australie par les colons britanniques et la punaise les a aussitôt envahis. On la retrouve donc dans les plantations de citronniers, orangers et mandariniers.

La punaise bronze-orangée se nourrit de la sève de ces arbres. Elle suce la sève en particulier des jeunes rameaux, des boutons floraux et des jeunes fruits, ce qui cause des déformations ou fait tomber les fruits prématurément.

Macrophotographie montrant des oeufs de punaise bronze-orangée avant éclosion, et après éclosion, avec de jeunes larves agglutinées sur un tas d'oeufs de punaises de la même espèce dont elles sucent le contenu.
Punaises aspirant d’autres oeufs de punaises

Comme la plupart des punaises, elle est aussi détestée du grand public en raison de son odeur nauséabonde [1] (voici pourquoi les punaises ont une mauvaise odeur). En plus de sentir mauvais, cette punaise projette un liquide très irritant qui peut temporairement aveugler les humains s’il est reçu dans l’oeil, et tâche la peau pendant plusieurs jours. Dans les années 1900, elle posait un véritable problème de santé aux personnes qui travaillaient dans les vergers d’orangers établis en Australie par les colons britanniques [2].

Dans les jardins des particuliers, elle est aujourd’hui toujours problématique. Le contrôle manuel est la seule option disponible pour éviter des pesticides toxiques pour les abeilles. La meilleure méthode est la collecte des oeufs, avant qu’ils n’éclosent. En effet les oeufs de la punaise bronze-orangée sont faciles à collecter avant qu’ils n’éclosent parce qu’ils sont fluorescents (comme certains mille-pattes et scorpions). Ils émettent émettent une lumière verte lorsqu’ils sont éclairés avec une lampe UV.

Autre détail qui facilite la lutte contre ces punaises : les larves sont cannibales et après éclosion se mettent rapidement à chercher des oeufs qui n’ont pas encore éclos. À peine sorties, les larves de punaises se précipitent sur ces oeufs et sucent leur contenu, comme on peut le voir sur le time-lapse ci-dessous. On voit bien une légère déformation de la coquille des oeufs dont le contenu a été aspiré à la fin du time-lapse :

Ce monstrueux détail de la vie de cette punaise n’était pas encore connu. Certains scientifiques avaient même décrit que les larves ne se nourrissent pas pendant plusieurs jours [3].

Aujourd’hui, la punaise bronze-orangée n’est sans doutes plus qu’un problème pour les jardiniers australiens. Les vergers commerciaux sont traités avec des insecticides contre de nombreux autres insectes, tuant aussi probablement les punaises bronze-orangées. Peut-être pour cette raison, peu de chercheurs se sont intéressés à cette espèce ou à son contrôle.

Donc, en plus de sentir mauvais et de projeter un liquide très irritant, les larves de cette punaises dévorent les oeufs de leurs frères, soeurs, cousins et cousines qui n’ont pas encore éclot. La punaise bronze-orangée peut donc être ajoutée au célèbre palmarès des animaux australiens venimeux, toxiques et effrayants.

Cet article est agrégé au café des sciences, qui regroupent plein d’autres articles sur des bestioles bizarres en tous genres.


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Notes et références

[1Park, R. J., & Sutherland, M. D. (1962). Volatile constituents of the bronze orange bug, Rhoecocoris sulciventris. Australian medical publishing. PDF.

[2Girault, A.A. (1924) The Orange-tree Bug, Oncoselis sutcivenms, StAI. (Hemiptera : Hcteroptera) Qld Dept
of Agand Stock. Bull. Div. Ent. Pl. Path. No.1. Govt Printer pp.I-23

[3Cant, R.G, Spooner-Hart, R.N., Beattie, G.A.C, Meats, A. (1996). The Biology and ecology of the bronze-orange bug, Musgraveia sulciventris, A literature review. General Applied Entomology, 27, 19-29.



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